De sa Centrafrique natale à Bordeaux, Ursula Médaille a parcouru bien du chemin. Une trajectoire semée d’embuches au cours de laquelle la cuisine s’est avérée salvatrice. Aujourd’hui les efforts paient pour celle dont le talent n’a d’égal que la force de son mental.
Ursula et la cuisine, c’est une histoire qui remonte à son enfance. Dans ses souvenirs, elle se remémore les moments passés en famille à Bangui. “On cuisinait ensemble les feuilles de manioc, les feuilles d’amarante ou encore le koko, le plat national”. L’insouciance de l’enfance sera stoppée à l’âge de 16 ans, lorsque la situation insécuritaire du pays pousse la famille à s’installer en France. Après un BEP secrétariat et un Bac Pro, elle devient agent de sécurité aéroportuaire. Mariée et maman de quatre enfants, Ursula va connaitre un autre changement radical dans sa vie.
la cuisine pour renaissance
En 2018, du jour au lendemain, son mari la quitte et la laisse en plan avec les bambins. Au bout de 15 ans de vie commune, le choc est brutal. Mais c’est aussi l’occasion pour Ursula de faire le point sur sa vie.
C’est alors qu’elle décide de se tourner vers l’activité qu’elle a toujours adorer pratiquer: la cuisine. Elle intègre la formation “Des étoiles et des femmes” et très vite, la pratique confirme son choix. “J’ai immédiatement compris que j’étais faite pour ça, j’avais déjà les bases, il ne manquait que la technique”.
A l’issue de cette formation, elle intègre la structure Marie Curry. Cette entreprise girondine fédère et soutient des cuisinière issues de l’immigration. Elle les aide à se lancer en tant que micro entreprise et leur fait bénéficier de ses outils et de son réseau. La voici mise sur les bons rails et très vite elle saura attraper une opportunité qui lui servira de tremplin.

And the winner is...
Par une copine, elle entend parler du concours Best Chef Afrika. “Inscris-toi, tu peux le gagner”, l’encourage son amie. Pour la sélection, elle prépare un mafé aux asperges et convainc le jury du concours culinaire. Une à une, elle franchit les marches de la compétition jusqu’à remporter la finale avec un entremet à la banane plantain. Cette victoire parachève une reconstruction entamée après la séparation avec son mari. “Peu importe les difficultés, quand on met toute notre énergie, on peut réussir”. Ursula en est la preuve vivante.
Boostée par cette victoire qui lui donne de la visibilité et de la notoriété, la voici désormais à plein temps dans son activité gastronomique. En tant que traiteur africain et caribéen, elle officie sous le nom de Cayenne en balade. “C’est un hommage à mon père guyanais” explique-t-elle alors que sa mère est centrafricaine. Elle prépare alors le repas pour des réceptions privées (mariages, anniversaires…) et d’affaires. Pour un mariage de 300 personnes, ou une réception à l’hôtel de ville de Bordeaux, Ursula revisite la gastronomie africaine. Une vision et des goûts qui se transmettent de bouche à oreille, partout en France. “J’ai déjà réalisé des prestations en région parisienne ou du coté de Toulouse”.

se relever et se révéler
“Aujourd’hui, je suis dans mon élément, je prends du plaisir à faire ce que je fais”. Même s’il n’est pas toujours facile de jongler avec les enfants et le travail, la maman se débrouille à merveille, animée par un mental en béton. “Ça a été dur pour moi de me reconstruire mais il fallait peut-être ça pour que je puisse me révéler, pour réveiller la lionne qui sommeillait en moi”.
Aujourd’hui encore, lorsqu’elle évoque son parcours, elle n’en revient toujours pas. “C’est moi qui ait pu faire tout ça?” s’étonne-t-elle parfois. Elle veut désormais montrer aux femmes que si elle y est arrivée, d’autres peuvent aussi réussir. “On est notre propre frein, il ne faut rien lâcher car on peut toutes y arriver”.
Photos: Instagram @cayenne_en_balade