Le fond de dotation Forêts préservées, fondé en 2019, récupère des hectares de forêts pyrénéennes afin de protéger ces écosystèmes précieux. Pour la journée internationale des forêts, on vous éclaire sur cette méthode de protection de la nature.
En discutant avec Philippe Falbet, l’un des cinq fondateurs du fond, on sent tout de suite la passion ! Accompagné de huit autres « bénévoles passionnés, des Pyrénéennes-Atlantiques jusqu’à l’Aude », leur mission est de « préserver des écosystèmes forestiers » en les acquérant pour les soustraire de l’exploitation forestière.
comment ça marche ?
Depuis 2019, 3 legs et 5 acquisitions ont permis au fond de devenir propriétaire de 88 hectares de forêt, dont deux vieilles forêts de montage. Ces actions sont possibles avec des dons de particuliers qui permettent de racheter des parcelles ou si des gens leur lèguent des terrains forestiers afin qu’ils soient préservés.
Aujourd’hui, ce sont 13 hectares supplémentaires qui sont en discussion avec le notaire.
C'est quoi une vieille forêt ?
On parle de vieille forêt quand celle-ci accomplit son cycle biologique naturel, « qui est de l’ordre de 350 à 400 ans ». Philippe Falbet est clair : « C’est important que l’homme ne domine pas tout. C’est bien qu’il voit à quoi ressemble la nature dans son état naturel. » Ces vieilles forêts ne représentent qu’environ « 2% des forêts de la haute chaîne pyrénéenne et 0.5% des forêts du piémont, soit environ 10 000 hectares ».
Loin des routes forestières permettant leur exploitation, ou laissés de côté après une exploitation humaine, ces espaces abritent une biodiversité riche au niveau de la faune et de la flore. En Haute-Ariège par exemple, le site est « vital pour le Grand tétras » mais est aussi l’habitat du chat forestier ou du pic noir.
Cependant, ces espaces n’ont pas de statut défini qui les protège. C’est l’incertitude qui plane sur leur possible exploitation dans les années futures qui pousse Philippe Falbet et ses collègues de Forêts préservées à agir tout de suite : « Tout ce qui est en plaine se fait dégommer. C’est une préservation consciente qu’on fait, on les préserve pour ce qu’elles sont. »

« Une myriade d’initiatives »
Dans cette approche qu’il veut « complémentaire d’une sylviculture éthique », car il comprend le besoin de bois de l’Homme, Philippe Falbet se défend de vouloir priver le monde de ces espaces : « Il y a une peur qu’on confisque des espaces naturels. À la Confédération paysanne, certains ont peur qu’on supprime des pâtures… Mais on ne supprime aucun usage, elles [les forêts] continuent à être ce qu’elles sont. »
Car dans les parcelles rachetées, certaines contiennent des prairies pâturables, mais la volonté « n’est pas d’en faire des forêts ». De même, tout le monde pourra continuer à s’y promener ou à cueillir les champignons. Cependant, il y a une règle claire, ces endroits ne sont pas clairement marqués sur une carte pour ne pas qu’ils soient surchargés de monde et restent préservés.
Des organismes comme Nature en Occitanie, L’Observatoire des Forêts des Pyrénées Centrales ou Forêts en Vie agissent sur le territoire Chocolatine afin de protéger ces terres rares. Une collaboration importante qui permet de protéger un maximum de forêts.
Pour les plus curieux, Philippe Falbet tien aussi un site simplement appelé : http://www.vieillesforets.com/
Photo 1 : Philippe Falbet
Photo 2 : Philippe Falbet