Le 4 février dernier, Extinction Rebellion Toulouse a squatté une maison du Tarn appartenant à Atosca-NGE, le concessionnaire, pour s’opposer à la construction controversée de l’autoroute A69 qui reliera Toulouse et Castres. Une action mouvementée qui en appelle d’autres pour protéger 400 hectares de terres.
Il est 7 heures du matin à Saint-Germain-des-Prés (Tarn), quand un groupe d’une soixantaine de militants d’Extinction Rebellion (XR) Toulouse décide de s’installer dans une maison dont le propriétaire a été exproprié. Aujourd’hui, elle est la propriété du groupe Atosca-NGE qui a pour mission de construire l’A69.
Sur place, les forces de l’ordre et des soutiens à l’action sont présents.
À 11 heures, l’expulsion des occupants s’est terminée avec des interpellations : « La première partie de l’expulsion, peut-être du fait un manque de médias sur place, a été très violente », m’explique un membre d’XR Toulouse qui revient sur leur engagement.
Un projet qui divise
Pour le militant, il est important de mobiliser des personnes sur ce sujet de manière urgente : « Le groupe local a décidé de concentrer ses forces sur cette lutte, pour combattre la construction de l’autoroute A69, parce qu’on arrive dans des délais très proches. Ils veulent débuter les travaux début mars. »
Car ce qu’il faut bien savoir, c’est que le projet est dans les cartons depuis 30 ans et qu’il est fortement contesté. Des collectifs comme La Voie est Libre ou France Nature Environnement se sont emparés du sujet. Même le Conseil national de la protection de la nature a donné un avis défavorable à l’A69 : « Ce dossier s’inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d’objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité, ainsi qu’en matière de pouvoir d’achat » peut-on lire dans leur rapport.

Un impact écologique et social
Un positionnement qu’explique facilement XR Toulouse : « Concrètement, rien que d’un point de vue environnemental, on est sur la destruction de 400 hectares de terres agricoles, des zones humides, des zones boisées, des zones Natura 2000. Ce sont des environnements qu’on ne peut pas se permettre de perdre aujourd’hui, on en a déjà perdu beaucoup trop. »
Mais l’impact environnemental n’est pas le seul sujet selon eux : « Pour le volet social, ça veut dire qu’on va encore privatiser une route qui est parallèle à une nationale [la RN126]. Donc les personnes qui ne voudront pas prendre cette route vont être ralenties et vont devoir passer dans les villages. Ça va foutre un bordel monstre car c’est déjà surchargé par les voitures ! En plus de ça, l’aller-retour coûterait 17 euros. Donc malgré les propositions qu’ils font, comme utiliser une voiture électrique ou faire le trajet régulièrement, ça reste quand même un prix un payer en plus, qu’une route qui est déjà gratuite. »
Des alternatives possibles
Il est important pour le militant de faire comprendre que des solutions ont été proposées : « Ce n’est pas comme s’il n’y avait aucune route, il y a la RN126 qui fait déjà le trajet. Il y a des associations qui proposent des solutions d’aménagement qui permettraient d’utiliser 83 hectares plutôt que 400 hectares. Ce qui serait un gain et qui réglerait les problèmes auxquels on fait face qui sont la surcharge de cette route et quelques accidents. »
Niveau gain de temps de trajet, les chiffres sont un peu flous et changent selon les interlocuteurs : « Chacun et chacune donne les chiffres qui l’arrangent, le gain est quand même minime en fait. Il est important de se poser la question : est-ce qu’on veut détruire 400 hectares de terres pour 10-15 minutes de trajet en moins ? Est-ce que c’est un vrai gain pour le futur ? »
« Plus le temps passe et plus les gens se mobilisent »
Pour XR Toulouse, une mobilisation maximale est primordiale : « La difficulté qu’on risque d’avoir sur cette lutte, c’est de mobiliser la jeunesse toulousaine. Parce que c’est juste à côté, c’est une lutte locale, mais qui n’est malheureusement pas connue de celle-ci. Ça enlèverait cette différence entre urbains et ruraux pour avancer main dans la main. »
Mais pour lui, l’espoir n’est pas perdu : « Avec les grosses actions comme Notre-Dame-des-Landes ou les bassines, ça arrive à mobiliser même dans les villes. »
Un optimisme nécessaire alors que la commission chargée de l’enquête publique environnementale du projet a rendu un avis favorable le jeudi 10 février. Les seuls bémols mis en avant sont le prix du péage et les soucis de circulation lors des travaux. Rien du tout sur l’impact environnemental

Photo 1 : XR Toulouse
Photo 2 : XR Toulouse
Photo 3 : XR Toulouse