Près d’une centaine de mineurs isolés du collectif AutonoMIE, accompagnés de syndicats et d’associations, se sont réunis mardi 3 décembre devant le bâtiment de l’Administration Centrale de l’Université Paul Sabatier (Toulouse). Leur but : éviter l’expulsion.
Le rendez-vous était donné à midi, et dès mon arrivée, le monde était déjà sur place. Je pouvais entendre le groupe de jeunes scander : « Président, non à la rue ! » tout en brandissant des pancartes en carton et les drapeaux des représentants syndicaux du personnel de l’Université présents sur place pour les soutenir.
Bonne année, bonne santé, expulsés ?
Car depuis que je vous ai raconté leur installation dans le bâtiment inutilisé de l’Université le 14 décembre dernier, tout n’a pas été de tout repos.
Lundi 26 décembre vers 16 h, un huissier a toqué à la porte pour prévenir les jeunes qu’ils étaient convoqués pour une audience le mercredi 28 décembre à 11 h. La direction de l’université avait demandé l’expulsion.
Il faut bien comprendre qu’un délai légal de 48 heures est obligatoire entre la notification et l’audience. Pour leur avocate Me Fanny Sarasqueta, ce délai n’étant pas respecté, un recours a été demandé… Mais refusé.
Face à ce « scandale » en pleine période de fêtes, le groupe de jeunes est sorti d’un bloc du Tribunal administratif de Toulouse pour montrer son mécontentement.
« Si on nous met dehors c’est une catastrophe ! »
Le groupe de mineurs non-accompagnés, qui ne peut pas profiter de la trêve hivernale, vit donc dans l’appréhension.
Ce qui ne les a pas empêché de mettre la musique à fond et de danser dans la bonne humeur pour faire entendre leur revendication. Pour eux, ce lieu est essentiel : « Chez nous [dans le bâtiment] il y a de la solidarité, on se comprend et il n’y a pas de bagarre. On se débrouille à notre manière, on ne veut pas affronter le froid », m’explique un jeune de 16 ans.
Pour lui cette situation est temporaire : « Une fois qu’on a eu confirmation de notre recours, je sais que tout le monde va partir. On n’est pas la pour l’éternité. » Tout ce qu’ils veulent, c’est un endroit où dormir en attendant d’être considérés officiellement comme mineurs et pris en charge.

Pas seuls dans leur lutte
Au bout d’une heure, un jeune prend le micro afin d’expliquer, qu’après un échange avec le Directeur de l’Université, le Président de celle-ci acceptait de les recevoir car il est « préoccupé par leur situation ».
Les collectifs qui s’occupent des jeunes comme AutonoMIE ou TEC31 (Tous-tes en classe 31), les syndicats du personnel et les associations étudiantes vont donc s’organiser dans les prochains jours afin de préparer cette rencontre qui sera décisive.
Tant que l’huissier n’est pas envoyé par l’université pour les notifier de l’expulsion, ils sont en « sécurité »… Affaire à suivre !
Image 1 : Maxime Le Goff
Image 2 : Maxime Le Goff