Hier, je te racontais l’histoire de cette exploration qui aboutissait sur la découverte d’ossements humains dans une demeure des Hautes-Pyrénées. Experts de la visite de lieux abandonnés, Adrien Urbex et Jo Urbex avaient pénétré sans le savoir, dans un effrayant temple maçonnique. Puisque certains les accusent de mise en scène pour générer du clic sur YouTube, j’ai voulu avoir leur version. Jo a décliné ma demande d’interview, se méfiant des journalistes. Adrien, quant à lui a accepté de s’exprimer sur cette folle aventure même s’il avoue qu’elle a abouti sur “une sacrée merde, c’est la première fois qu’on tombait sur ce genre de truc”. Voilà qui mérite des explications.
Comment avez-vous atterri à Trébons? Pourquoi avoir choisi cette maison ?
Le mode opératoire est toujours le même. Notre repérage commence par du mapping et on regarde les spots intéressants à l’échelle d’un département. Ensuite, on va checker sur place mais 9 fois sur 10, c’est un gros fail, on fait des bornes pour rien. D’ailleurs, à la base on était parti sur un spot à Pouzac (à 3km de là) mais lorsque l’on est arrivé, on a vu une banderole mentionnant que le bâtiment était désormais propriété de la mairie. Nous avons donc fait marche arrière.
A ce moment, je reprends mon téléphone et je vois qu’un autre point que nous avions noté n’est vraiment pas loin. Nous partons donc jusqu’à Trébons, on s’avance dans la forêt jusqu’à arriver près de la ruine. Une fois devant, on pensait que ça allait être nul. On y entre finalement en croyant pénétrer dans une maison. En réalité, on comprend vite que nous sommes dans un temple. A ce moment-là, devant le caractère exceptionnel de ce que nous voyons, on décide de filmer tout ça. On se dit que nous sommes dans une histoire de fou qui va plaire aux gens. Mais on était à 1000 lieux d’imaginer qu’on allait s’attirer autant de problèmes.

J’ai été choqué de te voir toucher les ossements dans la vidéo, pourquoi avoir fait ça?
Oui c’est vrai, je l’ai d’ailleurs dit dans ma déposition. J’avais des gants, et je n’étais pas sûr que ce soit de vrais ossements alors j’avais besoin de les manipuler. Mais clairement, j’admets que c’était une erreur, si c’était à refaire je ne les toucherais pas.
A quel moment vous décidez d’appeler la gendarmerie ?
A la base, on ne savait pas si on allait filmer cette urbex. Mais du coup on l’a fait car on s’est dit que personne n’allait nous croire. Cela a pris un peu de temps car nous étions dans un contexte que nous ne maîtrisions absolument pas, celui de la franc-maçonnerie. Je faisais des recherches sur Google pour comprendre et nous avons utilisé Google Lens pour connaître la signification de certains symboles. Je me suis vraiment cassé la tête pour essayer de comprendre ce qu’il y avait autour de nous. Bien sûr, nous sommes des profanes en la matière, donc dans la vidéo certains termes ne sont peut-être pas les bons.
Une fois terminé, nous avons appelé les gendarmes à 1h30. C’est à ce moment que tout est devenu réel, quand les gendarmes ont confirmé qu’il s’agissait de vrais ossements.
Eux aussi, ils hallucinaient, toute la brigade s’est déplacée même ceux qui n’étaient pas de service cette nuit. Ils sont restés jusqu’à 4h du matin, heure à laquelle ils ont appelé le procureur de la république de Tarbes.

Ton compère Jo dit qu’on veut vous faire taire, vous avez subi des pressions suite à cette découverte?
Plus que des pressions, on se sent muselés dans cette affaire, et peu voire pas du tout écoutés. Les journalistes écrivent des articles sur cette histoire sans nous consulter, sans jamais nous donner la parole.
On ne se doutait pas que le domaine de la franc-maçonnerie allait susciter tant de fantasmes et de réactions. Il y a les pro, les antis, et je te passe les 800 commentaires que j’ai dû supprimer sous la vidéo, du genre rite sataniste ou autres… je ne cautionne pas ce genre de délires
Apparemment la présence de ces os aurait une explication plus rationnelle…
Le défunt propriétaire était médecin, il s’agirait d’un squelette d’étude anatomique. Ce que confirme le premier rapport médical de l’institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) dont le rapport définitif sera remis début 2023.
Nous avons été soulagés d’apprendre la nouvelle car on avait peur qu’il s’agisse des restes de personnes disparues.
L’endroit est vraiment surréaliste, vous n’avez fait aucune mise en scène ?
Oui, on s’en tient au principe de base de l’urbex qui est celui de ne rien déplacer. Nous n’avons fait aucune mise en scène. D’ailleurs, il n’y en avait pas besoin, le lieu se suffit à lui-même.
Face aux critiques, pour appuyer nos propos, nous avons fait un appel à témoins sur les réseaux sociaux et des gens qui avaient aussi visité les lieux nous ont envoyé leurs photos. La plus ancienne image envoyée a 22 ans et déjà, les lieux sont identiques à ce que l’on a vu.

Avec tes 20 ans d’expérience dans l’urbex, celle-ci est-elle la plus effrayante ?
Clairement, c’est l’endroit le plus dingue qu’on ait pu visiter. Il bat tous les records! On a vu des choses incroyables, mais jamais l’équivalent, ça dépasse tout. C’est une très belle exploration et l’endroit m’a littéralement fasciné.
T’aurais pas aimé en savoir plus sur ce spot? Sur son histoire?
C’est un endroit incroyable qui n’est ni une maison, ni un château. C’est juste une façade, un projet du défunt propriétaire auquel il s’est dédié pendant 40 ans pour construire son temple.
J’aurais aimé parler avec sa fille pour comprendre le sens de cette œuvre d’une vie, pour connaître l’état d’esprit de son père. Pour s’excuser aussi car nous ne savions pas que le cercle blanc autour de la pièce était en fait tracé avec les cendres de ce monsieur. C’était peut-être ses dernières volontés que de reposer au cœur de son temple…
Après une telle aventure, difficile de faire mieux?
C’est sûr, mais on est déjà sur la prochaine visite. Je veux vite enchaîner sur autre chose.
Images: chaine YouTube Adrien Urbex