Alors que l’Assemblée nationale interdit aux députés d’utiliser Twitch dans l’Hémicycle, le streamer Jean Massiet nous explique comment cette plateforme peut changer notre regard sur la politique.
À l’Assemblée nationale, désormais, on ne streame plus ! L’habitude du député insoumis du Nord, Ugo Bernalicis de retransmettre les séances de l’Hémicycle en direct sur Twitch, et de les commenter pour ses viewers, a dérangé trop de collègues qui ont obtenu l’interdiction pure et simple d’utiliser les “plateformes retransmettant le flux vidéo ou audio des débats”. Cette plateforme permettrait pourtant d’atteindre un public différent, plus jeune, et de l’intéresser à la politique.
À la recherche d’un nouveau public
C’est en tout cas l’avis de Jean Massiet, pionnier du stream de vulgarisation politique sur sa chaîne. “La plateforme a deux atouts : elle touche un public qu’on sait désintéressé de la politique, et elle offre une véritable interactivité. Il n’y a que là qu’on peut avoir un échange en direct avec son public.” Ce mode de communication n’est pas exempt de défauts, comme le souligne le streamer : “Le député s’adresse quand même surtout à des gens déjà convaincus, essentiellement des militants. Mais ça reste un moyen intelligent de montrer la réalité du travail politique dans le temps long, dont le public n’a pas toujours conscience.”

“Une décision de vieux !”
Twitch a changé de visage ces dernières années, notamment suite aux confinements, et sa réputation de plateforme de “gamers” s’éloigne de plus en plus de la réalité. Jean n’est pas le seul à l’utiliser pour parler politique à un public de plus en plus varié. “En interdisant son usage dans l’Hémicycle, l’Assemblée répond à un réflexe pavlovien et cherche à contrôler sa communication comme au XXe siècle, or la démocratie est en train de muter vers une implication plus directe des citoyens. J’aurais voulu qu’ils prennent conscience de l’utilité de Twitch et qu’on réfléchisse à son utilisation. Mais je ne perds pas espoir que la situation évolue quand le contexte politique sera moins tendu.”
Image 1 : Pexels David Henry
Image 2 : Jean Massiet par Chloé Ramdani, photographe